Colonel Doumbouya méfiez-vous du syndrome Dadis.

Vingt-quatre heures à peine, le coup n’est pas encore tout à fait assuré, que déjà les murs de Conakry se couvrent de pancartes à la gloire du Colonel Mamady Doumbouya, président du Comité national pour le rassemblement et le développement (CNRD).

Ainsi commencent toujours les opérations de distraction. Bientôt commenceront à converger vers Conakry différentes corporations pour venir vous saluer et remercier les membres du CNRD. Puis suivront des propos tels que:

« Vous êtes le Mady que la Guinée attendait ». Les « Visiteurs du soir » viendront distiller leur venin et tenter de vous vendre leur propre prescription.

Anticipez mon colonel si vous voulez vous protéger de ce poison d’opportunisme qui gangrène la société guinéenne. Que chacun reste là où il est. L’adhésion du peuple de Guinée vous est acquise. Vous n’avez nullement besoin de comités de soutien, cette autre façon de fagociter et rançonner un président. Le défi à relever est si énorme que seule la concentration sur les objectifs que vous vous êtes assignés permettra de réussir.

Ne vous laissez donc pas distraire mon Colonel par les caméléons de la politique guinéenne.

LES ERREURS DU PASSÉ

Vous avez parlé des erreurs commises dans le passé. Elles sont nombreuses. Toutefois, celles qui brideront votre action seront l’impunité, le recyclage de ceux qui, hier, se sont illustrés dans la démagogie, le sectarisme et l’indignité. Le CMRN et le CNDD ont commis l’erreur d’ignorer les  crimes de sang et ont laissé les prédateurs narguer le peuple avec leurs butins. L’impunité exacerbera immanquablement les frustrations et le sentiment d’injustice chez les Guinéens. Elle rendra la réconciliation des Guinéens avec leurs dirigeants impossible.

Mon Colonel, non à la chasse aux sorcières, mais oui à la recherche et à la poursuite des criminels. C’est cela que les familles des victimes attendent de vous. Oui à l’identification des prédateurs de l’économie guinéenne et à la récupération des fonds volés. Notre trésor public en a besoin et ce ne sera que justice.

Les voix qui vous demandent de libérer l’ancien président, le principal responsable de la situation actuelle de notre pays, vous poussent en réalité à l’impunité et veulent vous condamner à l’échec.

Il vous appartient de résister, mon Colonel, si vous voulez réussir.

 

Ansoumane Camara
Suisse


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