Guinée : comment le RPG a-t-il échoué et pourquoi l’UFDG est-elle dangereuse pour les Peuls et pour la Guinée ?

Un article publié le 17 janvier 2018

(Septembre – Octobre 2017 : soulèvements des jeunes à Boké, Lola, Kérouané, Beyla, Kouroussa).

Le Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) : son échec était prévisible.

En 1991 j'étais l'un des jeunes militants du RPG les plus appréciés du Président du Parti, Monsieur Alpha Condé. J'ai fondé la section estudiantine à Conakry et recruté ceux qui ont fondé celle de de Dixinn-Centre et celle de Fria. Mon engagement dans le Parti était total et toute mon activité était consacrée au renforcement de son implantation dans le Pays. Malgré ce dévouement j'ai été victime de l'ethnocentrisme et de l'injustice de la part de certains membres du Parti qui suspectaient tout autre membre non-malinké d'être un infiltré pour espionner le RPG.

Lorsqu’Alpha Condé en fut informé il convoqua une réunion du bureau national et invita ceux qui s'étaient rendus coupables d'un tel comportement inique à s'expliquer en ma présence. Cependant, le traitement par la Direction nationale de ce conflit qui m'opposait à ces extrémistes ethnocentristes de la première heure fut d'une inquiétante ambiguïté. En effet la Direction nationale du RPG félicita tout le monde; moi pour ma fidélité et mon engagement, et les autres, ceux qui m'avaient discriminé en raison de mon ethnie, pour " leur souci de protéger le Parti des autres ethnies".

Ce jugement injuste de la Direction nationale du RPG fut rendu en l'absence de Monsieur Alpha Condé, Président du Parti.

Il faut reconnaître que sa réprobation de ce jugement fut sans équivoque et sa critique de tel comportement ethnique très sévère. Toutefois pour moi le mal était fait et ma perte de confiance totale. Je démissionnai alors du RPG avec la conviction que si un jour ce parti arrivait au Pouvoir il sèmera la haine et opposera les ethnies les unes aux autres, détruisant ainsi le tissu social national.

Aujourd'hui l'état de déliquescence avancé de la société guinéenne, phénomène dû essentiellement à l'utilisation de la discrimination ethnique dans tous les domaines de la vie publique du Pays, me donne malheureusement raison. Monsieur Alpha condé qui hier appelait au rassemblement de tous les guinéens, condamnait les extrémistes de son parti a, au fur et a mesure du combat politique, petit à petit, fait siens les réflexes, attitudes et comportements de ces derniers. Désormais c'est lui-même qui porte leurs discours ethniques de salon sur la place publique. Ainsi à Kankan, pour qu'il soit bien clair pour tous ses partisans qu'il porte désormais leur pensée, il déclarera lors d'un meeting que "la Guinée appartient aux Malinkés, aux Soussous et aux Forestiers....". Pour lui il importe peu si le "véhicule à quatre roues" doit rester désormais immobile. Le chauffeur du véhicule Guinée qu'il est peut utiliser toutes sortes de leviers le véhicule ne bougera pas.
 
Aucun pays ne se construit dans la haine, la division et l'exclusion. La violence politique, comme celle planifiée et méthodiquement mise à exécution contre les peuls en Haute Guinée lors des élections de 2010, la culture de la division permettent peut être d'accéder au Pouvoir mais elles ne permettent pas de bâtir, de développer un pays. La paix sociale et la cohésion nationale sont des préalables à toute politique de développement. Elles seules rassurent les investisseurs nationaux et étrangers. L'ethnocentrisme comme outil de gouvernance révulse tous les démocrates du monde et éloigne de vous tous ceux qui peuvent vous apporter aide. Plus rien ne se passe désormais en vase clos et rester impuni. Les peuples outragés trouvent de nos jours des porte-paroles internationaux comme on peut en juger par cette déclaration du 12 décembre 2015 de Human Rights Watch:

« Les observateurs nationaux et internationaux affirment que le gouvernement de Condé a aggravé les tensions ethniques en omettant de sanctionner les membres des forces de sécurité pour les abus commis contre les Peuls ; en usant de discrimination dans la désignation des fonctionnaires, ce qui, selon les observateurs, a abouti à un nombre disproportionné de fonctionnaires Malinkés; et en utilisant parfois les services de sécurité et le système judiciaire afin de réduire et de punir des membres de l’opposition politique exerçant leur droit de réunion pacifique. … De la même façon, suite aux violences communautaires survenue en 2013 dans la région de Nzérékoré dans le sud-est du pays qui a fait environs 200 morts, il n’y a pas eu d’enquête sur le rôle de plusieurs politiciens considérés comme proches du parti au pouvoir dans ces violences. En outre, des huissiers de justice, chargés de faire appliquer de nombreuses décisions judiciaires, ont indiqué que les ingérences politiques dans leur travail avaient été fréquentes … Des flambées sporadiques mortelles de violence communautaire et politique à caractère ethnique ont, depuis 2010, fait plusieurs centaines de morts. Les épisodes les plus meurtriers se sont produits en Guinée forestière, région du sud-est du pays, en particulier à Nzérékoré. Par exemple, en 2013, plusieurs centaines de personnes ont été tuées lors d’affrontements entre les groupes ethniques Guerze et Konianke ; et en 2011, plus de 25 personnes ont perdu la vie lors d’affrontements entre les Kpèlès et les Malinkés dans le village de Galakpaye. »

En réalité, Monsieur Alpha Condé et son parti le RPG se sont faits prendre à leur piège diabolique: "diviser pour régner"; quel qu'en soit le prix pour le pays. Si leur objectif était de conquérir le pouvoir pour le pouvoir, comme tout semble le prouver, on peut alors affirmer sans risque de se tromper qu'ils ont réussi. Mais si pour Monsieur Alpha Condé c'est pour être le Mandela de la Guinée, comme il l'a souvent dit, si c'est pour laisser son nom dans l'histoire comme celui qui aura développé la Guinée, alors on peut également affirmer sans aucun risque qu'il a dors et déjà échoué. Ce ne seront pas les vingt milliards de dollars de la chine qui changeront la donne. En effet depuis 2010 lui et son parti, le RPG, se sont évertués à détruire le socle social sans lequel aucun pays ne peut se développer : la paix sociale et la cohésion nationale. De par ses déclarations, actes et comportements, jamais le fossé n'a été aussi grand entre les différentes ethnies du pays. Même sous la première République le questionnement sur l'appartenance à une même Nation ne s'était jamais posé à un guinéen. Aujourd'hui, la discrimination pratiquée comme méthode de gouvernance à tous les nouveaux de l'administration, et après la déclaration de Alpha condé à Kankan sur à qui appartient la Guinée, ce questionnement sur l'appartenance à la Nation guinéenne existe désormais chez des millions de guinéens. L'une des grossièretés commises en Guinée est la réduction de sa population en quatre ethnies uniquement. Un baga reste baga, un bassari reste bassari, un konianké reste konianké, etc., cela n'enlève rien au fait qu'ils sont guinéens. Tout comme un corse, un breton ou un basque en France.

L'utilisation des clivages ethniques en Guinée est mortifère pour tout le monde et elle doit être considérée comme un crime contre la Nation.

Un pays se construit avec l'effort conjugué de tous ses fils. Pour cela on les rassemble d'abord. On ne les divise pas, comme le fait Alpha Condé. Ainsi sept ans après son élection à la tête du pays, la misère s'est généralisée. C'est cela la réalité dans le pays. Ce ne sont pas des hôtels à Conakry, généralement toujours vides, et quelques immeubles construits par des libanais dans des conditions les plus obscures qui font le développement du pays. Ils ne peuvent même pas cacher l'aspect hideux de la capitale Conakry où les tas d'immondices tuent. Diriger c'est savoir déléguer, puis contrôler. Un département ministériel pour être efficace doit jouir d'une totale autonomie dans son domaine et disposer de moyens financiers et des hommes compétents choisis non pas sur des critères ethniques et leur appartenance au parti, mais en fonction de leur compétence. Monsieur Alpha Condé concentre tout à Sékoutouréyah dans un cabinet fantôme, empêchant ainsi ses Ministres de toute initiative. Le blocage du pays qu'ont observe aujourd'hui est le fait que Monsieur Alpha Condé qui n'a aucune expérience de gestion, ne sait ni déléguer, ni contrôler et n'a confiance en personne.

L'autre raison de l'échec du RPG et d’Alpha Condé est qu'ils n'ont jamais élaboré un programme de développement économique du pays. L'improvisation semble être leur seul projet économique. L'absence totale d'une programmation cohérente empêche une vision de l'avenir économique de la Guinée. Quant à la société guinéenne, on l'a vu, leur projet consiste à diviser pour plus longtemps conserver le pouvoir.

 

Pourquoi l’UFDG est-elle dangereuse pour les Peuls et pour la Guinée ?

 

A cause de son manque de stratégie pour la conquête du pouvoir et des insuffisances de son Président, l'UFDG ne peut pas constituer une alternative au RPG.

Les résultats du premier tour des élections de 2010 semblaient promettre à Cellou Dalain Diallo une issue heureuse pour le second tour. Le regroupement de certains partis politiques autour de l'UFDG pour constituer le bloc des "BÂTISSEURS" renforçait le sentiment que la victoire était inéluctable. Malheureusement s'était sans compter la suffisance et l'excès de confiance de CDD et de son cercle d'inconditionnels. Toutefois pour "les connaisseurs " des clivages ethniques en Guinée et de leur utilisation à des fins politiques, d'abord par l'administration coloniale, puis par les hommes politiques guinéens depuis 1958, ce résultat était loin d'assurer la victoire à CDD au second tour. Malheureusement, par naïveté ou par ignorance le candidat de l'UFDG et ses proches conseillers on cru inéluctable leur victoire. Ils qualifiaient même "d'allégeance" le ralliement de certains candidats malheureux du premier tour à Cellou Dalain DIALLO pour le second tour. Le score de 44% du premier tour aveuglait tout le monde; à tel point que le candidat de l'UFDG et son entourage ont ignoré que le second tour est une nouvelle élection et que les compteurs sont remis à zéro pour les deux candidats. Ce fut une première erreur de Dalein. La seconde c'est de n'avoir pas fait une analyse des conditions dans lesquelles le premier tour s'est déroulée, puis en tirer des leçons pour élaborer une nouvelle stratégie pour le second tour. L'appel aux commerçants de Madina pour une journée sans commerce, en plein mois de ramadan n'a-t-il pas effrayé une certaine couche de la population de Conakry? Les déplacements du candidat à travers le pays accompagné de centaines de motards et d'une longue colonne de véhicules des militants, bloquant souvent la circulation toute une journée, parfois avec des accidents mortels, n'étaient-ils pas à revoir? Des propos parfois insultants de certains militants à l'endroit des Soussous n'éloigneraient-ils pas ces derniers du candidat? Ce sont là autant de questions que Dalain et son équipe de campagne auraient dû se poser. La troisième erreur, celle qui lui sera fatale, fut d'avoir laissé Alpha Condé imposer sa cadence et sa méthode au déroulement du second tour des élections; lui qui n'avait recueilli que moins de 20% des électeurs du premier tour.

Dans le camp adverse, le RPG et son candidat ont eu une toute autre démarche. Analyse du premier tour, élaboration d'une nouvelle stratégie pour la conquête du pouvoir, en exploitant les erreurs et les faiblesses de l'UFDG, enfin le diaboliser à outrance pour mieux l'isoler. Des erreurs de Dalain, Alpha Condé fera une arme redoutable contre ce dernier. Pour lui l'important est de gagner, quelqu'en soit le prix pour la cohésion nationale.

Entre les deux tours, Dalain abandonne le terrain et l'initiative à son adversaire, lui qui, fort de ses 44% des électeurs et du ralliement de Sydia Touré, Abé Sylla et de tant d'autres, aurait pu en imposer à Alpha Condé et à la Communauté internationale. En politique tout est question de rapport de force. Mais il faut être déterminé et savoir en user. Malheureusement la détermination était du côté de Alpha Condé. De sa faiblesse il en a fait une force. Il fait changer les règles du jeux à la mi-temps, impose la création de mille nouveaux bureaux de vote en Haute Guinée (1000 bureaux supplémentaires), fait établir de nouvelles listes électorales additionnelles, uniquement dans son fief électoral, fait retarder la date du second tour au delà de l'échéance réglementaire. CDD ne réagit pas à cette première violation de la Constitution. Il la cautionne d'ailleurs. Ce premier teste politique de Monsieur Alpha Condé le convainc que son adversaire ne fait pas le poids face à lui. Il dira plus tard que ses adversaires sont des nains politiques. C'est dans ce contexte que les drames de Siguiri, Kankan, Kouroussa et ailleurs en Haute Guinée se joueront. L'accusation des Peuls d'avoir empoisonner l'eau du meeting du RPG à Conakry n'avait pour but que de provoquer un soulèvement populaire contre les Peuls en Haute Guinée pour les obliger à quitter les régions où ils vivent depuis des décennies pour certains, des siècles pour beaucoup d'autres; où ils sont inscrits sur des listes électorales. La réaction de l'UFDG et de son candidat se limita à une simple protestation verbale. Fallait-il être aveugle politiquement pour ne pas voir les conséquences d'un tel déplacement massif sur le résultat des élections du second tour?
Toutes les conditions étaient réunies pour se retirer de la compétition ou récuser le gouvernement de transition et mettre ainsi la communauté internationale devant sa responsabilité. Une telle réaction du candidat de l'UFDG aurait été d'une redoutable efficacité.

Pour les stratèges du RPG, le déplacement des électeurs potentiels de Dalain et les électeurs additionnels en Haute Guinée n'auront qu'un impact limité sur le deuxième tour. Pour combler un retard de plus de 20% sur l'adversaire il faut absolument une politique "d'endiguement" de ce dernier. Circonscrire son influence politique à la seule Moyenne Guinée. Renforcer ainsi le sentiment que l'UFDG est un parti politique uniquement peul, donc sectaire.

Alpha Condé qui n'ignore rien des clivages ethniques de la Guinée depuis toujours, courtisera les autres ethnies, mentira aux femmes soussous sur sa maman qu'il fera passer pour une soussou, jouant ainsi sur un autre registre, l'émotionnel féminin. En fin il promettra aux soussous le poste de Premier Ministre et aux Forestiers la Présidence de la future Assemblée Nationale. La machine infernale ainsi mise en place, les élections du second tour peuvent avoir lieu. L'issue on la connaît.

De cet échec de 2010 l'UFDG et son président n'en feront aucune analyse sérieuse, aucune autocritique. Cellou Dalein imputera sa défaite à son vice-président Bah Oury et à ses alliés Sydia Touré, Abé Sylla, Fodé Soumah, Pascales Tolno … qui n'auraient pas "mouillé leurs maillots" pendant la campagne du second tour. Sept ans après il change son fusil d'épaule et accuse désormais tantôt Konaté, tantôt la France ou la communauté internationale de l'avoir privé de sa victoire. Sur son incapacité politique à prendre la mesure des événements pendant la campagne électorale et élaborer une vraie stratégie pour la victoire et du fait d’accepter contre les conseils des autres, y compris de la communauté internationale dont la France et l’Union Européenne qui avaient demandé le respect des délais constitutionnels, il reste silencieux.

Aujourd'hui encore le leader de l'UFDG n'anticipe rien, il commente les faits et gestes de Monsieur Alpha Condé qui a toujours une longueur d'avance sur lui. CDD semble frappé d'une stérilité intellectuelle et d’une cécité politique incurable. Il donne le sentiment d'un homme sans idée novatrice, dépassé par la complexité du combat politique. Ce sentiment n'est pas qu'une simple perception. Il traduit un malaise réel. Un à un tous ses anciens alliés l'ont quitté, et non les moindres. Petit à petit le vide s'est fait autour de lui.

Alors, de façon pathétique, Dalein cherche la mobilisation de tous les Haalipulars derrière son parti et sa personne. Dans les milieux peuls en Guinée et à l’extérieur, Cellou et ses émissaires expliquent son échec par le fait qu’il est peul et que tous les autres ne voudraient pas d’un Peul au pouvoir en Guinée. Et qu’il serait donc vital que les Peuls resserrent les rangs derrière l’UFDG pour la cause du "Legnol", c'est-à-dire de l’ethnie. Collaborer avec le régime RPG d’Alpha Condé ou prendre autre chemin que celui de l’UFDG, serait œuvrer pour la division et trahir son ethnie.

Cellou Dalein et ses proches continuent de surfer dangereusement sur la théorie des « Trois contre un » alors qu’au regard des alliances pour le second tour de 2010, malgré les campagnes et démarches ethnico-régionales du RPG et son candidat, cet argument de « Trois contre un » en Guinée n’a aucun fondement : l’Alliance dite des Bâtisseurs qui a soutenu Cellou Dalein Diallo avait regroupé tous les leaders significatifs et sérieux des autres régions contre le candidat Alpha Condé. En effet, même Lansana Kouyaté, leader malinké qui a obtenu un score significatif (7,04 %) avait choisi l’alliance de "Cellou Dalein Président". C’est parce qu’il n’a pas eu de suite à sa demande à Cellou Dalein Diallo que Lansana Kouyaté finit par rejoindre l’Arc-en-ciel d’Alpha Condé.

Ainsi, c’est parce que Cellou Dalein s'est montré politiquement médiocre en laissant Alpha Condé modifier les règles du jeu au second tour de l'élection qu’il a perdu ; et non parce qu’il est un Peul. Il est triste de le voir pris au piège d'Alpha Condé; piège qui consiste à le faire passer pour un candidat ethnique. Il semble même se plaire dans cette situation puisque tout son comportement consiste à refermer d'avantage cette nasse infernale sur lui.

Pour sa survie politique, Cellou Dalein Diallo exploite à son tour le facteur ethnie à outrance pour se rendre intouchable et se garantir le monopole sur l’électorat peul. Cette situation le rend si rassuré qu’il se sent libéré de toute obligation de résultats. Plus grave, c'est qu'il n'écoute plus personne. Les flatteurs qui l'entourent le rassurent que son électorat ethnique lui restera inconditionnellement fidèle. Ses actions politiques, en attendant des élections, se résument à des négociations pour obtenir des postes et avantages personnels. Les 17 millions de FG par jour pour sa personne sont la preuve de cette affirmation. Peu lui importe si cela choque le peuple. La connivence avec Alpha Condé pour changer les textes sur les élections locales, en violation manifeste de la Constitution, dans le but de se partager les délégations nationales et les chefs de quartiers, en dépit des protestations de ses alliés, montre à suffisance la duplicité de l'UFDG et de son président. Ils ne se soucient guère de décevoir, de perdre un allié ou un collaborateur politique. Tout se concentre sur sa personne. Aucune considération pour les autres alliés. Voici le témoignage édifiant de Macka Baldé, vice-président des NFD, dans un article publié le 31 juillet 2017:

« Le président Mouctar a toujours eu le reflexe de protection à l’endroit de M. Cellou Dalein, notamment au cours des manifestations et quelques fois en prenant même des coups à sa place. Malheureusement cette loyauté n’a jamais été réciproque. Un exemple : lors d’une marche de l’opposition contre le régime d’Alpha Condé, le président Mouctar marchait à pied (comme d’habitude) avec les autres manifestants et les autres leaders étaient dans les véhicules. Quand les loubards du RPG et des agents des forces de l’ordre les ont attaqués au niveau de leur siège à Hamdallaye, dans la situation de « sauve qui peut », les gardes du corps de M. Cellou, inquiets pour le président Mouctar, ont ouvert la portière de son véhicule pour qu’il y entre. M. Cellou ne lui a pas fait de la place et son chauffeur a accéléré. Il s’est sauvé et a laissé le président Mouctar dans cette dangereuse situation où tout pouvait lui arriver d’autant que cette manifestation avait enregistré des morts » (Lire).

Dalein a fait de l'UFDG une affaire d'ethnie, comme si le seul vote peul pouvait lui assurer la victoire. Malheureusement bon nombre de Peuls sont tombés dans ce piège et adhèrent à Dalein et à l'UFDG comme on adhère à un messie, à une religion. Ces derniers doivent comprendre qu'en réalité L'UFDG est devenu une pompe à argent pour assurer le train de vie de Dalein et de son épouse. En effet, contrairement à tous les leaders politiques guinéens et africains, quand Cellou Dalein se déplace, les Peuls sont appelés à faire des collectes de fonds pour payer ou rembourser ses frais de voyages, prendre ses frais d’hôtel et de séjour (nourriture et loisir) en charge. Une sorte d’impôt "Legnol" est pratiquement imposé aux Peuls de Guinée en faveur de Cellou et sa famille. Non seulement on prélève pour eux dans les caisses d’associations et de Mosquées peules, mais aussi on fait contribuer les Peuls individuellement pour eux. C’est ainsi qu’à l’arrivée de son épouse Hadja Halimatou Dalein Diallo en Angola le mercredi 30 novembre 2016, la communauté peule vivant dans ce pays fut obligée de faire des collectes de fonds par Diwal (anciennes provinces du Fouta théocratique) pour lui remettre. Chaque citoyen peul d’Angola, membre ou pas de l’UFDG, fut ainsi obligé de payer sa contribution en faveur de l’épouse de Cellou Dalein Diallo, réclamée par les responsables de son Diwal. Ne pas le faire, c’est s’exposer à la colère de la communauté et être socialement banni.

Il est tout à fait normal que les militants apportent à leur parti une contribution financière sous forme de cotisation mais cela doit se faire dans des conditions qui permettent d'avoir une situation financière transparente du parti. Toute collecte de fonds sous la contrainte, comme celle pratiquée par l'UFDG en Angola et ailleurs est illégale et donc indigne d'un parti politique qui se dit "démocratique".

Malheureusement ce n'est pas dans ce seul domaine que le président de l'UFDG et son épouse s'écartent des règles morales et démocratiques. Il est de notoriété publique que le couple Dalein cultive un malsain culte de la personnalité depuis 2010, moeurs que les guinéens ne connaissaient pas. Leurs tonitruants déplacements dans Conakry et à travers le pays, même pour des raisons privées, toujours accompagnés d'une cohorte de courtisans et de courtisanes dans un long cortège de véhicules, est un phénomène hier inconnu dans notre pays. Les désagréments créés aux autres usagers de la route lors de leurs déplacements sont des atteintes à l'ordre public. Donc condamnables. Les autorités nationales tolèrent cette situation dans le seul souci de préserver la paix civile, car Dalein s'est rendu intouchable. La paix civile dans un pays doit être un souci constant chez tout leader politique. Malheureusement CDD semble souvent loin de cette préoccupation comme l'atteste son comportement lors de l'inauguration en 2016 de la sainte mosquée de Timbo (capitale du Fouta théocratique).

En effet, inciter à l'agitation sociale inutile est devenu une habitude chez CDD. La manœuvre personnelle de Cellou Dalein Diallo le vendredi 28 mai 2016 lors de l’inauguration de la mosquée historique de Timbo est une preuve de cette inconscience. Cette Mosquée étant un monument national, il était logique et nécessaire que le chef de l’Etat soit présent à cette cérémonie nationale à laquelle devaient prendre part tous les responsables religieux des quatre régions du pays.

Notons que, le leader Cellou Dalein Diallo, à en croire les notables et le maire de Timbo, n’a pas accepté de contribuer à la rénovation de cette Mosquée historique de Timbo (Lire).

Le président de la République, Alpha Condé, qui a personnellement contribué à la rénovation de la Mosquée, a officiellement fait part de sa participation à la cérémonie inaugurale placée sous son honneur. Cela était absolument normal; mais Cellou Dalein qui se considère leader et maître absolu du Fouta tout entier s’insurge et décide d’agir contre la participation du Chef de l'Etat à cette cérémonie. Les notables de Timbo, de Mamou ainsi que certains membres de la direction de l’UFDG, prièrent Céllou de ne pas politiser cet événement religieux en y venant avec un cortège politique. En vain ! Céllou Dalein décide d’aller y faire une démonstration de force, comme à son habitude lorsqu'il se déplace dans le pays, debout dans la voiture, avec long cortège de voitures de militants. Au préalable il fait dépêcher à Timbo un important groupe de jeunes chargés de s’opposer, par la force, à ce qu’Alpha Condé préside l’inauguration de la Mosquée. En réaction à son entêtement les notables ignoreront Cellou Dalein DIALLO et s'opposeront à la violente tentative de ses loubards d'occuper les places de devant et une place d'honneur à l'intérieur de la mosquée pour leur mentor. La tension monte, tout le monde craint le pire.

C'est du Chef de l'Etat que viendra la sagesse.

Pour éviter une confrontation meurtrière, le Président de la République, Alpha Condé, renonce au déplacement de Timbo au dernier moment et se fait représenter par son Premier Ministre, Mamadi Youla. Cellou Dalein fut informé de ce changement mais ne fit rien pour faire baisser la tension. A l'arrivée de la délégation gouvernementale la violence éclate; le Premier Ministre est violenté, des véhicules officiels détruits, des dégâts matériels furent importants. Même Cellou ne s'en sortira que par les forces de sécurité qui le feront passer par-dessus le mur. Heureusement, les forces de l'ordre gardèrent leur sang-froid afin d'éviter un carnage à Timbo. Selon certaines confidences l'objectif recherché par certains à Timbo était de provoquer une réaction violente des forces de l'ordre pour commettre un massacre lors de cette inauguration de la mosquée de Karamoko Alpha. Ce qui aurait entraîné une réaction non moins violente de toute la communauté peule; un génocide des peuls afin de faire intervenir la communauté internationale pour mettre fin à la présidence de Alpha Condé. Un tel calcul politique, s'il est avéré, n'est que pure folie. Les Guinéens ont encore à l'esprit les massacres du 28 septembre 2009.
A Timbo le pire a été évité ce jour grâce à Alpha Condé et le sang-froid des forces de l'ordre.

Le souci premier d'un homme politique qui aspire à diriger le pays doit être la paix sociale et civile. La violence n'est jamais une bonne stratégie pour conquérir ou conserver le pouvoir. Aussi, dans un pays comme la Guinée, toute stratégie politique qui consiste à se replier sur son ethnie ou uniquement sur sa région est une stratégie de l'échec. Voilà pourquoi l'UFDG n'est pas une alternative crédible au RPG. Son président, Cellou Dalain Diallo est incapable de réformer l'UFDG, de développer une stratégie politique de conquête du pouvoir en sortant d'abord du piège ethnique dans lequel il s'est laissé enfermer, et de bâtir une solide alliance politique transversale. 

 

Sadio Barry,
Président du Bloc pour l’Alternance en Guinée (B.A.G)


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