Conseils des Guinéens de l’étranger : premières expériences électorales avec le régime de transition.

Actualités

Bonjour chers compatriotes !

Le samedi 11 novembre 2017, je fus le principal artisan de la victoire de M. Djémory Kouyaté à la tête du Conseil des Guinéens de l’Allemagne, contre son adversaire d’alors Alhassane Diallo. Hier samedi 24 septembre 2022, j’ai trouvé désolant le spectacle auquel j’ai impuissamment assisté à Berlin.

Tout en félicitant les élus d’hier comme membres du Bureau exécutif du Conseil des Guinéens de l’Etranger en Allemagne (CGE-Allemagne), j’aimerais faire la mise au point suivante : cette structure mise en place hier et qui se fait partout dans le monde en ce moment ne correspond pas et ne peut pas remplacer le CGA-e.V.

Le CGA-e.V. est une organisation regroupant les associations des Guinéens résidant en Allemagne, inscrit au registre des associations en République Fédérale d’Allemagne.

Conformément à l’Article 23 des statuts, l’AG devait élire, en plus des membres du Bureau exécutif, trois personnes physiques comme Commissaires aux Comptes. Ce qui n’a point semblé être important pour les autorités guinéennes.

Article 17 des Statuts du CGA-e.V.: Compétences du Bureau Exécutif

« Le Butreau Exécutif est le représentant légal du Conseil. Il est responsable devant l’Assemblée Générale et compétent pour les questions suivantes:

- l’application des décisions de l’Assemblée Générale
- la conception et la réalisation des activités nécessaires à la poursuite des objectifs du Conseil - la mobilisation des ressources matérielles et humaines nécessaires à la réalisation des activités du Conseil
- la présentation à l’AG ordinaire du rapport annuel comprenant le compte rendu financier, après vérification par les Commissaires aux Comptes.

Conformément au § 26 du code civil allemand le Bureau Exécutif est représenté collectivement ou individuellement par (la) Président (e), le Trésorier, le 1er Secrétaire Administratif, le 1er Secrétaire Chargé des Relations Extérieures, du (de la) 1er(è) Secrétaire chargé(e) des Investissements et le 1er Secrétaire chargé de la Mobilisation des Ressources ».

Bien que des Membres du bureau sortant du CGA e.V. fussent présents, les autorités consulaires leur ont signifié qu’aucun d’eux n’a droit à la parole. Nous n’avions droit qu’à assister muets ou quitter les lieux, dira fermement le consul Ibrahima Bangoura qui rappelle qu’ils sont là à mettre en application de la lettre Circulaire 001875 du 05 aout 2022 du Ministère des Affaires étrangères du régime de transition CNRD. Seul donc le Président du bureau sortant a eu droit à la parole, même pas le trésorier présent pour le compte rendu financier, après vérification par les Commissaires aux Comptes.

Aucun débat démocratique et contradictoire n’a été permis alors qu’il est connu de tous que le bureau sortant a connu une crise très grave qui a conduit aux boycottes des activités du CGA par plusieurs des membres importants (des postes clefs) de son bureau exécutif et, au dire du président sortant, du blocage d’un fonds de 350 000 euros qui lui avaient été accordés à cause des courriers de certains membres du bureau sortant. J’en faisais bien partie, mais je n’ai eu aucun droit d’éclairer l’assemblée des membres sur la question. En effet, cette crise fut provoquée par le comportement du président Djémory lui-même qui mena des démarches dans le sens de certains projets et récolte de fonds au nom du CGA e.V. à l’insu du bureau officiel : ils étaient quelques 4 à 5 personnes à le savoir et c’est bien un d’entre eux, M. Boubacar Kindy Diallo, secrétaire aux affaires sociales, qui les dénoncera quand il fut lui-même exclu du groupe restreint.

Hier samedi 24 septembre 2022, bien que l’opportunité y fût donnée avec nos autorités et des sages présents au podium, rien n’a été fait pour tirer des leçons et aller sur de nouvelles bases saines. Au contraire, on fait des manœuvres qui frustrent davantage et qui conduisent à une rupture de confiance voire de liens entre des amis, des membres d’une même association et des membres d’une même famille. Cela est bien arrivé hier, malgré l’apparence des choses et le sens de théâtre dont le Guinéen est maître.

En imposant leurs critères et leur feuille de route, sans tenir compte des statuts du CGA-e.V., le consul est clair et ferme :

« Vous êtes libres de choisir. Celui qui est d’accord avec les modalités que nous avons décidées reste et participe. Celui qui n’en est pas d’accord, n’a qu’à quitter la salle afin que nous puissions commencer l’élection du bureau avec ceux qui sont d’accord. »

Comment ! L’Allemagne est un vaste pays avec une fédération de 16 Etats. Si je prends l’exemple sur nous, venant de la région d’Aachen, on a fait 750 euros de dépense, 711 km qu’il faut refaire en retour, avec 184 euros de carburant pour participer à cet événement concernant tous les Guinéens. Comment les autorités peuvent elles se montrer si arrogantes et nous mettre devant un choix pareil ?

Pour justifier le refus des organisateurs de cette élection d’un bureau du CGE-Allemagne de respecter les textes et certains principes, le président sortant, Djémory Kouyaté, à la fin de son allocution, nous instruit qu’il ne faut pas confondre le CGA et le Conseil des Guinéens de l’Etranger en Allemagne qui est une initiative des autorités guinéennes actuelles (CGE-Allemagne).

Nous assisterons donc à un processus électoral digne du scénario 2010 entre le RPG et l’UFDG, avec la modification des listes électorales en plein processus. Le groupe d’Alhassane domine et est majoritaire du poste 21 au poste 8 de la composition du bureau exécutif (2ieme Secrétaire des relations extérieures et des institutions). Alors s’opère un bouleversement avec une augmentation soudaine du nombre d’électeurs sans que le nombre des participants dans la salle ne change. Le groupe de Djemory renforce son électorat avec des procurations nouvelles. Ce qui leur permet de rafler tous les postes importants qui sont les 6 premiers du bureau.

Un système de manœuvres électorales qui permet à des gens restés loin des lieux de vote, de décider qui doit diriger ceux qui payent lourd et prennent des risques d’accidents de circulation pour rendre possible et participer à l’assemblée élective !

A trois reprises, on aura, malgré la vigilance de tous, plus de bulletins dans l’urne que le nombre de votants !

Comment a-t-on pu arriver à cette opération spectaculaire du camp Djémory Kouyaté ?

Selon les autorités guinéennes, les candidats non présents sont éliminés. On ne peut être candidat qu’à un seul poste. Les candidatures sont fixées à la date limite de 15 jours avant le jour de vote et elles ne peuvent pas être modifiées à la demande des candidats même pendant l’assemblée élective. Ainsi la première liste des participants avait été rendue publique par les services de l’ambassade. Il s’agissait d’une soixantaine d’associations qui remplissaient les conditions. A une semaine du jour de vote, donc en violation manifeste de la lettre circulaire du 5 aout 2022, la liste des candidats/électeurs fut unilatéralement modifiée et dans des conditions obscures par l’Ambassade. Une vingtaine d’associations dont certaines inconnues des Guinéens sont ajoutées, modifiant le rapport de force en faveur du candidat sortant Djémory Kouyaté. En effet, le vendredi 23 septembre 2022, en route pour Berlin, nous apprendrons, à travers un coup de fil de Djémory lui-même, que ces associations furent ajoutées par lui. Cela explique tout le théâtre auquel on a assisté hier. Et Djémory ne pouvait donc que remporter le grand nombre des bulletins comptés.

Pourtant, parmi les candidats, celui qui avait le meilleur profil, le plus intellectuellement futé, le plus expérimenté, le plus pédagogue et qui pouvait rehausser l’image du CGA e.V. auprès des institutions allemandes et internationales, était le candidat Dr. Koulémou. Mais, comme l’a dit le chargé d’affaires de l’Ambassade, M. Sow, avant même ce jour, « Dieu avait déjà établi la liste des membres du bureau qui va être élu ».

Nous avons donc deux structures différentes :

CGA e.V. :

- Bureau exécutif, 20 membres avec 2 trésoriers,
- Durée de mandat 2 ans renouvelables une seule fois
- Commissaires aux Comptes
- Assemblée générale souveraine qui décide des modalités et options par voie démocratique

CGEA :

- Bureau exécutif, 21 membres avec 1 trésorier, et des postes vacants par la volonté des autorités consulaires.
- Durée de mandat 4 ans renouvelables une seule fois
- Pas de Commissaires aux Comptes
- Ambassade de Guinée : autorité qui décide des modalités et options par voie d’arrêté ministériel et feuille de route consulaire.

Le comportement des autorités conduira à la mise en place d’un bureau incomplet alors que des Guinéens venus de partout et de loin étaient dans la salle et prêts pour postuler à ces postes restés vacants.

Quiconque regarde donc objectivement ces deux structures et juge sans passion ni partie prise, reconnaitrait qu’elles sont différentes. Si donc nous félicitons les membres élus du CGEA, nous ne saurons accepter que cette structure s’accapare l’identité et le patrimoine du CGA e.V.

D’ailleurs quand des troubles eurent lieu dans la salle, avec l’évolution étonnante de la situation, 5 associations prirent contact avec la nôtre pour protester et contester le processus en cours. Mon argument fut qu’on ne peut pas contester l’élection du bureau du CGEA initié par les autorités guinéennes, dans des conditions qu’elles ont fixées si cette structure ne doit pas être confondue à notre CGA e.V., comme l’a bien dit M. Djémory Kouyaté.

« Nous devrions donc attendre le Procès Verbal pour savoir quelle attitude adopter et s’il faut effectuer un recours devant une juridiction », ai-je plaidé pour les clamer et éviter une mauvaise tournure des choses hier.

J’en appelle à la sagesse de M. Djémory Kouyaté ici ! Il a dit hier qu’en tant que Kouyaté, il maitrise l’art de parler et peut détruire quiconque en une fraction de seconde. En d’autre mot, il est bien maître de la manipulation avec une maitrise de la parole et, il faut le reconnaitre, ayant une certaine qualité sociale qui force l’admiration. Ce conseil des Guinéens version CNRD de Morissanda Kouyaté, nous ne pouvons l’accepter. Par principe ! En effet, les Conseils des Guinéens de l’étranger sont les premières expériences électorales que le régime de transition nous sert. L’enseignement qu’il faut en tirer est que l’administration guinéenne actuelle n’est pas encore suffisamment mure et neutre pour organiser des élections démocratiques (crédibles et équitables) en Guinée. Il faut que la classe politique en tire toutes les conséquences en exigeant une Commission électorale absolument indépendante et l’organisation des élections sous l’égide des Nations Unies.

Toutefois, un des sages au podium qui a reconnu, suite au retrait de la candidate Mariama Ciré Diallo à cause de tous les manquements juridico-démocratiques susmentionnés, que la crise est sérieuse, a proposé la tenue d’une Assemblée Générale extraordinaire pour aplanir les divergences et ressouder les rangs des Guinéens en Allemagne afin que tous travaillent ensemble main dans la main. Je proposerai donc qu’une telle assemblée soit convoquée dans les plus brefs délais par le bureau sortant du CGA-e.V. afin qu’on puisse organiser le renouvellement de son bureau dans le respect des principes démocratiques et des textes régissant ladite structure légale en Allemagne. Je proposerais, si notre objectif à tous est de réunir les Guinéens et créer un climat de fraternité et de solidarité entre eux, de voter à cet effet, une modification des statuts en faveur d’une présidence collégiale qui permettrait de prendre les 4 candidats à savoir, Djemory Kouyaté, Alhassane Diallo, Docteur Koulémou et Mariama Ciré Diallo qui représentent toutes les tendances qui se dégagent aujourd’hui au sein de la Communauté guinéenne de l’Allemagne, à la tête d’un nouveau bureau exécutif à mandat spécial de 2 ans renouvelables d’unification des Guinéens. C’est ma suggestion. Dans le cas contraire, nous attendons donc le Procès Verbal pour décider quelle attitude adopter et de ce qu’il faut faire.

Un recours pour contester des élections non régulières et obtenir leur invalidation ne doit être perçu comme un défi ou un mépris contre une personne quelconque. Cela est prévu dans les législations de tous les pays du monde, y compris la Guinée. C’est ainsi qu’on peut amener les gens puissants ou favoris d’un système hérité de la dictature à améliorer leur conduite, à apprendre à respecter les textes, à se plier aux principes démocratiques et accepter de plutôt perdre parfois que de gagner coûte que coûte.

Les autorités du pays doivent comprendre que leur comportement impacte gravement les relations entre les composantes de la nation. C’est elles qui sont à la base des haines et divisions ethniques entre les Guinéens.

J’en appelle ici à une prise de conscience générale de nos compatriotes. La situation est grave, la crise est profonde. Le fossé entre les ethnies, notamment malinké et peule, est devenu si grand qu’en Guinée, on essaye de taire les noms des victimes, parce qu’elles sont essentiellement peules. A l’extérieur, particulièrement en Allemagne, des victimes guinéennes d’un malheur, si elles sont malinkés, on essaye de taire voire cacher leurs noms en demandant des contributions à la communauté guinéenne pour leur venir en aide, à elle ou à leur famille. Pour ne pas que la majorité des contributeurs, constituée de Peuls, ne refuse d’y participer. Eh oui, nous en sommes arrivés jusqu’à ce point ! Il est temps d’arrêter cette situation et même l’inverser : à l’étranger, les Guinéens doivent se rappeler qu’ils sont un peuple, se donner la main et se soutenir mutuellement indépendamment de leurs régions et confessions. Pour cela, nous avons besoin, à l’étranger, des organisations fédératrices crédibles avec des bureaux légitimes, acceptés et respectés de tous. Ce qu’on ne peut obtenir avec des tricheries, folklores et manœuvres électoraux.

Allemagne, le dimanche 25 septembre 2022

 

SADIO BARRY, Président de l’Amicale de Guinée e.V.
Imprimer