La Nation guinéenne en danger de dislocation

Où êtes-vous les défenseurs d’hier des droits de l’homme et de la liberté pendant que La Liberté est étranglée et les droits de l’homme bafoués en Guinée par Monsieur Alpha Condé?

 

Agissez pendant qu’il est encore temps !

Nous sommes le 14 décembre 1998. C’est le jour de l’élection présidentielle en Guinée. Les frontières du pays sont officiellement fermées pour raison de sécurité. Le soir, les principaux chefs de l’opposition se retrouvent au domicile de Monsieur Alpha Condé, à la demande de ce dernier (selon Monsieur Siradiou Diallo) pour concertation. Le lendemain 15 décembre, en pleine nuit, Monsieur Alpha Condé est arrêté à Piné, dans la préfecture de Lola, à la frontière avec la Côte d’Ivoire. La nouvelle fait grand bruit. Dans ce tollé, un homme, calme et pondéré, Monsieur Siradiou Diallo, marquera son étonnement en ces termes: « Nous nous sommes retrouvés chez lui hier à sa demande et il ne nous a rien dit ».

Cette arrestation soulèvera indignation et protestations à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Des comités de soutien et des collectifs d’avocats se constituent pour défendre le « démocrate, le panafricaniste Alpha Condé». Les chancelleries étrangères se mobilisent pour obtenir sa libération, le Gouvernement guinéen est privé de toute assistance. Sans succès. Lansana Conté reste insensible aux pressions diplomatiques, aux qualificatifs de «  dictateur, d’autocrate, de président illettré, de paysan ». Il ne sait pas construire une phrase en français, certes; mais, de par sa formation militaire et sa longue carrière dans ce corps de métier, il connaît deux choses: son pays et les hommes qu’il a appris à commander. Des hommes qui lui disputent le pouvoir, il sait tout. Celui qu’il tient, il le connaît mieux que quiconque. « On ne se cache pas derrière son petit doigt ». Disent les vieux en Afrique.

Vingt-deux ans après, Monsieur Alpha Condé est aux destinées de la Guinée depuis dix ans. Le régime de Monsieur Sékou Touré était un régime féroce; mais la police politique arrêtait des gens à visage découvert. Aujourd’hui les opposants sont kidnappés en pleine rue, violentés, arbitrairement arrêtés chez eux sans mandat d’arrêt par des hommes cagoulés. Les enfants sont assassinés, les mères de famille violentées, les maisons et cases brûlés, les bétails de pauvres éleveurs décimés, les biens détruits, le principal adversaire politique et les siens assiégés à domicile par des blindés militaires. On l’affame pour qu’il abandonne le combat. La méthode est d’un autre temps. Les « tontons macoutes » de Monsieur Alpha Condé terrorisent à leur guise, avec brutalité, sans humanité. Ils sont en territoire conquis. Tout cela dans un silence total des chancelleries étrangères. Pourtant elles n’ignorent rien de ce qui se passe en Guinée. Les ambassadeurs dressent leurs rapports. Mais la Guinée, à cause de son « scandale géologique » est une proie; quand on la tient on ne la lâche pas. Chacun y veut sa becquée.

Hier un seul homme arrêté soulevait indignations et protestations internationales. Aujourd’hui la répression s’abat sur toute une communauté du fait que le principal opposant à Monsieur Alpha Condé appartient à cette communauté. Cela ne soulève aucune forte protestation, ni à l’intérieur , ni à l’extérieur du pays. Si le silence de l’extérieur peu s’expliquer par le travail de puissants lobbies de Monsieur Alpha Condé, chèrement payés, l’apathie des guinéens de l’intérieur ressemble fort à une lâcheté des autres communautés. Ou alors, la manipulation des masses, doublée de distribution à grande échelle des liasses d’argent aux familles démunies, pendant dix ans, a fini par produire des effets opium sur tout le peuple de Guinée. Sans un sursaut national, et une prise de conscience collective de ce danger, l’apathie se transformera en un coma profond dont personne ne se réveillera. Il en sera alors fini de la nation guinéenne.

Ansoumane Camara

 

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