Guinée, le week-end de tous les dangers d’explosion sociale

Opinions

Les images d'horreurs insupportables des violences postélectorales devraient interpeller en tout premier lieu les consciences aux cadres peuls et hâli-pulars et aux élites, toutes catégories confondues.

Comme je ne cesse  de le répéter depuis juin 2010, c’est tout notre rapport collectif à l'Etat guinéen qui pose problème. Et les effets duquel se traduisent par la persistance de cette répression sur fond de stigmatisation récurrente ; initiée par le PDG de Sékou Touré dès les années 1955/56, on le sait. Or pour résoudre un problème, il faut bien commencer par le voir et l’admettre et l’examiner en fonction de ses paramètres propres.

Depuis les hautes sphères de l’Etat-RPG/AEC, en passant par les structures intermédiaires de l’administration RPGiste, jusque dans les viseurs des canons de fusil des tueurs des FDS guinéennes, aucune sorte de distinction n’est faite entre le « citoyen peul taillable et corvéable, sans risques » du Fouta, de la Basse-Côte, de la Haute Guinée ou de la Guinée Forestière et voire de la diaspora guinéenne.

Mis à part nos quelques « porteurs d’eau » et « brebis galeuses » dont les dictatures successives se sont servies tout au long de l’histoire du pays, pour camoufler cette séculaire et tacite guerre sociopolitique anti-Peuls, c’est à une recrudescence encore plus funeste du principe « Tout sauf un Peul » que nous assistons incontestablement ne serait-ce que depuis septembre 2009.

Autant dire que ces scènes de sévices des FDS sur ordres du pouvoir RPGiste, qui tuent et pillent au grand jour et en toute impunité les nôtres, avec l’indifférence voire la complicité de la communauté internationale, ne sont pas prêtes de cesser si CELLOU venait à renoncer à l’indispensable sauvegarde de sa victoire électorale; comme ce fut le cas en 2010, notamment.

Mes propos de patriote cadre sénior vivant hors du pays depuis bientôt 50 ans, n’engagent que ma seule personne. Mais je ne saurais m’empêcher de relever clairement les faits suivants.

  • Dans les esprits haineux et ethnicistes du dictateur mystificateur de Conakry et de son clan de pilleurs mafieux, il y a manifestement un net distinguo entre « tuer des Guinéens » et « massacrer les Peuls de ce pays et du Mali voisin… »
  • Il a consacré ses dix ans de gouvernance chaotique à se persuader qu’il ne risquerait pas gros à déclencher s’il le faut un génocide contre cette communauté aux élites cupides, lâches et divisées, qui se sont toujours montrées collectivement irresponsables.
  • Les valeurs de justice, de paix et de démocratie derrière lesquelles nous clamons trop souvent vouloir nous réfugier, bien plus que nos compatriotes malinkés ou soussous notamment, sont quasiment incompatibles avec l’organisation et le fonctionnement de l’Etat guinéen, tel qu’on l’observe depuis 1958. Pour réussir à rendre propre ne serait-ce que la concession que nous partageons avec d’autres, nous devrons  commencer par balayer  l’intérieur et la devanture de nos propres maisons respectives (…) Et surtout, ce n’est pas en vain que l’on dit communément que la meilleure façon d’éviter la guerre est de montrer à l’adversaire que l’on s’y prépare.
  • Enfin, aussi longtemps que nous resterons la communauté ethnique de Guinée au sein de laquelle les vocations de traitres, de renégats à la cause des siens voire de zélés serviteurs du système délibérément hostile aux siens, seront promises à de meilleures assurances de quiétude et de longévité, il nous sera difficile de dissuader collectivement et individuellement, dans une société guinéenne si profondément ethnicisée.

Bref, on ne peut que condamner avec la dernière énergie la forfaiture du pouvoir RPGiste qui, au mépris de toutes les lois et règles d’un Etat de droit, se résout si piteusement à séquestrer le candidat victorieux de la présidentielle du 18 octobre, Mamadou Cellou Diallo.

Et l’on ne saurait oublier de rappeler à bon escient au prisonnier politique qu’il est devenu de facto, les enseignements de cette citation de Nelson Mandela : « Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de vaincre ce qui fait peur. »

Ibrahima M’Bemba SOW

Picardie (France)
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